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Oaxaca 1/4 : Une ville culturelle et patrimoniale

Photo du rédacteur: Gaultier BoivineauGaultier Boivineau

     

     Vivante, colorée et artistique, Oaxaca est à bien des égards l’un des endroits les plus enchanteurs du Mexique. Dans cette ville coloniale du sud-ouest du pays, les journées sont souvent paresseuses et écrasées de soleil. Dans les patios chantent des fontaines, aux tonnelles s’accrochent des bougainvilliers aux fleurs toujours éclatantes, butinées par des colibris. On s’attarde volontiers à l’ombre des immenses ficus ou sous les arcades du zocalo, puis, lorsque le soleil décline, sur l’une des innombrables terrasses qui peuplent les toits de la ville. Les calendas prennent alors d’assaut les rues, investies de leurs fanfares et couleurs virevoltantes. Les soirées vibrent au rythme des musiciens et des danseurs qui les accompagnent, toujours nombreux. On s’étourdit au mezcal, on se régale de mole, de tamales ou de tlayudas saupoudrées de quelques chapulines…


     Au cours des huit derniers mois, j’ai eu le bonheur de jouir quotidiennement de cette délicieuse indolence méridionale. Si habiter à Oaxaca fut une expérience si inoubliable, c’est en grande partie parce que la ville offre un cadre de vie absolument exceptionnel, auquel il est bien difficile rester insensible. Oaxaca fut fondée par les Espagnols au début du XVIe siècle, au cœur d’une vallée aride cernée de montagnes. Classé au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1987, son superbe centre historique s’orne de belles maisons d’adobe aux façades colorées, mais aussi de majestueux édifices de pierre, d’un vert caractéristique. Plusieurs superbes ensembles conventuels et de nombreuses églises baroques témoignent encore de l’intense activité religieuse de cette ville, qui fut le principal foyer d’évangélisation de la région.


     Outre sa douceur de vivre et sa beauté, Oaxaca se classe également au rang des villes les plus culturelles du Mexique, ce qui évidemment ne gâte rien non plus. Des marchés toujours animés, de splendides savoir-faire artisanaux, une multitude de festivités et de traditions constituent une fascinante mosaïque culturelle, ancrée dans une histoire pluriséculaire. La culture contemporaine n’est pas non plus en reste : de galeries en musées, de festivals en concerts, les artistes de toutes les disciplines s’inspirent continuellement de l’atmosphère et de la forte identité de cette ville aux couleurs éclatantes, ainsi que de cette région dont les paysages sont aussi variés que spectaculaires.


     Voilà un tableau qui semble si idyllique que je me sens presque obligé de le nuancer en mentionnant l’extrême pauvreté frappant les populations locales, trop souvent victimes de toutes les inégalités. Un bref détour par les villages indigènes de la Sierra ou de la Mixtèque permet de se remettre les idées au clair : entre le manque d’infrastructures et les problèmes sanitaires et sociaux engendrés par la misère, il est certain que la vie à Oaxaca n’est pas douce pour tout le monde. En tant qu’européen, j’ai bien vite mesuré l’immensité de mes privilèges et l’ampleur du fossé me séparant bien souvent des Oaxaqueños. Malgré cela, ces derniers sont des gens extraordinairement chaleureux et généreux, aussi curieux de l’autre que fiers de leur identité. C’est bien simple, je ne me suis jamais senti aussi bien accueilli, voire aussi choyé, qu’auprès des habitants de Oaxaca.


     Vous l’aurez compris, dans son élégance tout comme dans son authenticité, Oaxaca m’a entièrement conquise. D’autant plus que dans une ville telle que celle-ci, le défi de l’adaptation de l’ancien aux impératifs de la vie contemporaine se pose quotidiennement, tant le patrimoine est omniprésent. Toujours passionné — certains diraient obsédés — par ce grand questionnement, j’ai donc été particulièrement attentif aux exemples de réutilisations patrimoniales que j’ai pu y observer. Outre sa beauté architecturale, la ville brille d’une intense activité culturelle, ce dont témoigne la quantité presque invraisemblable des lieux dédiés à l’art que l’on peut y rencontrer. Évidemment, je n’ai pu m’empêcher d’y admirer la remarquable synergie avec laquelle coexistent la culture contemporaine et le patrimoine architectural. Ce qui m’a tout naturellement conduit à l’idée de consacrer quelques posts à ma double passion/obsession : la culture dans le patrimoine. À Oaxaca. À suivre, donc : l’histoire de trois lieux exceptionnels, trois magnifiques monuments transformés en centres culturels. Trois exemples de reconversion ambitieuse et raffinée, où le patrimoine se conjugue au présent…


G.B.




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